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Consécration: Une Loi Que Nous Pouvons Vivre - Orson Scott Card

Consecration: A Law We Can Live With - by Orson Scott Card - Translated into French

Consécration: Une Loi Que Nous Pouvons Vivre

par Orson Scott Card

UNE PARABOLE:

Un homme s'est réveillé un matin avec en tête les mots entendus dans son rêve, et quand il les écrivit, il découvrit que c'étaient les mots qu'un chroniqueur du Livre de Mormon aurait pu écrire s'il avait vécu de nos jours, narrant le récit de nos rapports les uns avec les autres et avec le Seigneur:

Et quand l'homme eut fini d'écrire les paroles entendues dans son rêve, il trembla de peur, car il se savait coupable. Il dit à son épouse "Si le Seigneur envoyait un ange pour rassembler le peuple de Sion, viendrait-il chez nous, dans notre belle maison, entourés de tous nos biens? Je crains que notre maison ne soit la forteresse que nous avons bâtie pour tenir le Seigneur en dehors de notre vie.

A sa surprise, son épouse se mit soudain à pleurer: "Oh, mon époux," dit-elle, "j'ai fait un rêve chaque nuit pendant une semaine, mais j'avais honte de te le raconter. Dans mon rêve, nous allions acheter une nouvelle Mercedes. Nous avons donné l'argent au vendeur, mais quand il nous a tendu les clés de la voiture, elles ont brûlé nos mains et nous ne pouvions les tenir.

"Aussi nous reprîmes l'argent et allâmes voir notre évêque et lui dîmes: 'Nous allions acheter une Mercedes, mais les clés ont brûlé nos mains. Aussi, à la place, nous achèterons une voiture moins chère correspondant à nos besoins réels. Voici le reste de l'argent, nous allions le dépenser en pure vanité, nous savons que c'est plus que nous avons besoin, c'est pourquoi voici notre surplus, donnez-le aux pauvres et aux nécessiteux. Autre chose, voici les papiers de notre vieille voiture, donnez les à quelqu'un qui en a besoin.'

"Et dans mon rêve l'évêque disait, 'J'étais en train de prier pour avoir de l'aide car hier j'ai vu pleurer l'évêque d'une autre paroisse à cause de la pauvreté de ses membres et quoiqu'ils travaillent dur, ils n'ont jamais assez d'argent pour joindre les deux bouts. Il m'a dit qu'il y avait une jeune fille digne dans sa paroisse qui ne pouvait aller à l'université parce que sa famille était pauvre. Il m'a dit qu'il y avait des enfants dans sa paroisse que leurs parents ne pouvaient emmener voir le docteur, parce qu'ils n'avaient pas d'argent pour le payer. Il me parla de familles qui n'avait pas de table pour manger, il me parla d'enfants sans livres à lire, de méres célibataires épuisées de fatigue et de chagrin qui avaient travaillé toute la journée pour nourrir leurs enfants et qui n'avaient pas de temps pour leur enseigner la justice. Et j'ai dit à cet évêque, 'que les membres de votre paroisse aient si peu et ceux de la mienne aient autant ne peut être juste. Je vais prier pour que le Seigneur adoucisse le coeur des membres de ma paroisse afin qu'ils tournent leurs coeurs avec compassion vers les pauvres.' Et maintenant vous voici, je peux aller voir cet évêque et lui dire qu'il peut payer les études de cette jeune fille juste, emmener ces enfants chez le docteur, acheter fournitures scolaires, livres et même la liberté dont beaucoup de gens dans sa paroisse ont terriblement besoin. Maintenant regardez les grandes bénédictions que nous pouvons partager avec les plus humbles des Saints. Quant à votre vieille voiture, je sais exactement où elle doit aller.'"

"Quel merveilleux rêve" dit l'homme.

"Mais il n'est pas fini" dit sa femme. "Dans mon rêve, nous sommes allés à l'Eglise plusieurs semaines plus tard, et alors que nous sortions de notre voiture très modeste, nous avons vu l'homme le plus riche de la paroisse arriver au volant de sa voiture dans le parking. Il conduisait notre vieille voiture.

"Et dans mon rêve nous étions tous deux en colère que l'évêque n'ait pas donné notre voiture aux pauvres, mais à ce riche vieil homme qui possédait tout ce qu'il pouvait souhaiter en ce monde. Nous sommes allés revoir l'évêque et nous avons dit : 'Nous n'avons pas voulu vous donner cette voiture pour que vous la donniez aux riches.'

"Et alors l'évêque mit ses bras autour de nos épaules et dit: 'Oh! mon cher frère, ma chère soeur, je dois avoir fait une erreur, j'ai pensé que vous donniez cette voiture à l'Eglise du Seigneur afin qu'elle serve à des fins justes, j'ai pensé que j'étais celui qui avait été appelé pour être le juge en Sion, à même de décider qui devrait être l'intendant de la propriété du Seigneur. Au lieu de cela, je vois que vous possédez encore cette voiture dans vos coeurs. Aussi je vais vous rendre le titre de propriété de la voiture, il ne faisait pas vraiment partie de votre surplus.'

"Alors nous fûmes honteux et tu as dit 'Evêque, nous aurions dû vous faire confiance: Gardez la voiture.' Et moi, j'ai dit 'Evêque, gardez la voiture et pardonnez-nous de nous être mêlés de ce qui ne nous regardait pas.'

"Il nous sourit et dit 'laissez-moi vous dire ce que vous ne savez pas : ce riche vieil homme est aussi venu me voir, comme vous l'avez fait, et il m'a donné tout son surplus pour que je l'utilise comme le Seigneur le voulait. Il m'a dit qu'il avait même vendu ses voitures parce que, maintenant qu'il était à la retraite, il pouvait prendre le bus ou marcher pour faire tout ce qu'il devait faire. Mais j'ai dit: 'non, ce n'est pas possible. Vous avez besoin d'une voiture parce que j'ai moi-même besoin que vous ameniez quatre veuves âgées à l'Eglise chaque dimanche.' Et il a répondu: 'Que puis-je faire ? j'ai déjà vendu mes voitures.' C'est alors que je lui ai tendu les papiers de votre vieille voiture. Il l'utilise pour le service du Seigneur.'

"Et alors nous avons réalisé que l'évêque s'était pleinement acquitté de son intendance et nous lui avons demandé de nous excuser d'avoir manqué de confiance envers lui. Et il a dit 'Votre problème n'était pas que vous ne m'avez pas fait confiance. Votre problème était que vous pensiez que la voiture était toujours la vôtre.'

"Mais je répondis 'Non, évêque, notre problème était que notre voiture nous possédait encore. Elle avait toujours le pouvoir de nous détourner des bonnes oeuvres. Ce n'est pas assez de donner de notre surplus à l'évêque, nous devons changer nos coeurs afin de ne plus convoiter les choses que nous possédons. Même ce que nous avons encore appartient au Seigneur. Nous sommes des intendants; nous ne possédons rien qui nous appartienne vraiment.'"

Quand il entendit la fin de son rêve, son mari s'écria d'une voix forte: "Maintenant je comprends la parabole des talents. Maintenant je comprends le véritable péché commis par le serviteur injuste, celui qui a enterré son seul talent dans le sol. Il traitait l'argent comme s'il lui appartenait, le dissimulant aux yeux des autres afin qu'il ne puisse être utilisé pour quoique que soit. Mais les autres serviteurs, sachant que l'argent ne leur appartenait pas, le remirent entre les mains de prêteurs d'argent afin qu'il soit utilisé pour construire ou faire des choses. Chacun en a profité: les serviteurs qui ont partagé librement, les prêteurs d'argent et les gens qui ont emprunté et qui ont remboursé. Mais celui qui s'agrippait à son argent et ne laissait ensuite personne d'autre l'utiliser, n'en profitait pas, ni qui que ce fût. Et sa crainte constante de perdre cet argent devint pour lui un fardeau. C'était en fait son âme qu'il cachait dans le sol, sa liberté."

Alors le mari et sa femme surent que leurs rêves étaient emplis de sagesse. Et de ce jour ils cessèrent de posséder quoique ce soit ou d'être possédés par quoique ce soit. Beaucoup de choses étaient encore considérées comme leur propriété, au sens du monde, mais quoique ce soit qu'ils avaient, il le partageaient libéralement avec ceux qui étaient dans le besoin. Ainsi, ils ne craignaient pas d'être volés car ils ne possédaient rien. Il ne leur tenait plus à coeur d'impressionner leurs amis riches et éduqués, et bientôt ils apprirent lesquels de leurs amis étaient des vrais amis, lesquels étaient de faux amis, car leurs vrais amis se réjouissaient avec eux de leur nouvelle liberté, tandis que les faux se moquaient et les méprisaient.

Et alors quelque chose arriva qui les surprit par dessus tout: parce qu'ils ne se souciaient plus de la valeur d'une personne selon les critères du monde, ils se mirent à voir les autres membres de l'Eglise sous un nouveau jour. Ils se mirent à voir les vêtements usagés, les manières, la grammaire ou l'éducation de certaines personnes et se firent de nouveaux amis parmi ceux qu'ils avaient considérés de haut dans le passé. Ils apprirent qu'il y avait bien plus de sagesse et de bonté parmi les humbles qu'il n'y en avait parmi les riches et les sophistiqués de l'Eglise. Dans le passé, ils avaient ridiculisé ces personnes parce qu'elles avaient "mauvais goût", maintenant ils comprenaient que le "bon goût"n'avait absolument pas de rapport avec la bonté de coeur.

Une année après leurs rêves, ils vivaient dans une maison plus modeste, et leurs enfants avaient appris à vivre sans luxe, la plupart de leurs amis parlaient d'eux du même air funèbre qu'ils parlaient des morts: "Comme ils sont descendus en bas de l'échelle" disaient leurs vieux amis, la voix pleine de pitié et de mépris.

Cependant cet homme et cette femme, ces "rêveurs" avaient trouvé la véritable fraternité, la véritable amitié avec les Saints parce que, pour la première fois de leur vie, ils ne laissaient pas les valeurs corrompues du monde les séparer des autres Saints. Ils croyaient vraiment que toutes leurs possessions appartenaient au Seigneur et à travers lui, à tous les enfants de Dieu ; et ils utilisaient l'argent que le monde leur donnait pour accorder des bénédictions aux autres. Aux yeux du monde, ils avaient descendu l'échelle de la classe sociale. Aux yeux du Seigneur, ils étaient finalement devenus pleinement participants au travail et à la gloire du Seigneur.

Et ils n'étaient pas seuls. Car beaucoup de gens avaient eu les mêmes rêves, avaient commencé à aspirer à la même liberté, à la même bonté. Et quand le chroniqueur écrivit le récit spirituel de cette époque, il termina ainsi.


Copyright © 1993 Orson Scott Card

Published in A Storyteller in Zion, Essays and Speeches, by Orson Scott Card (Bookcraft, 1993)

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